Je ne vais pas vous mentir : au départ, le Portsmouth Historic Dockyard, ça ne nous faisait pas spécialement rêver.
Franchement, dans mon esprit, c’était un peu le cliché du “musée de bateaux”.
Voilà. Trois mots.
Et pas forcément les plus excitants quand on a une fille de dix ans qui préfère les manèges aux mâts d’artimon.
Mais voilà, nous sommes tombés sur cette offre dont mon épouse avait entendu parler : l’Ultimate Explorer Ticket.
Un pass qui vous donne un accès illimité à tout le site pendant un an.
Je vous laisse imaginer notre réflexion très stratégique avec mon épouse : “On y va une fois ou deux, et c’est rentabilisé.”
Sauf qu’on y est allés… euh… souvent. Très souvent.
Et en fait, non, ce n’est pas un simple “musée de bateaux”.
C’est une ville dans la ville, un coin à part, coincé entre la base navale encore en service et les souvenirs de huit siècles d’histoire maritime.
Et quand je dis “huit siècles”, je n’exagère même pas.
On parle du plus vieux dock à sec du monde encore existant, de la Mary Rose d’Henri VIII, de la frégate de Nelson, de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale… bref. C’est dense.
Et c’est vivant. Presque trop pour tout voir en une fois.

Les bénévoles apportent des explications précieuses à la visite © French Moments
Heureusement, avec notre pass en poche, on a pris notre temps.
On a visité un peu tout, parfois avec un plan, parfois complètement au hasard.
On a fait le tour en waterbus, on a flâné dans les hangars, on a regardé les restaurateurs bosser sur des coques centenaires, on a pris des cafés face à la mer pendant que notre fille Aimée courait sur les pontons.
Et je crois que c’est là que ça nous a pris : ce truc un peu indescriptible, entre la balade, la leçon d’histoire, et les souvenirs de famille qui se fabriquent sans prévenir.
Alors non, ce n’est pas un article sponsorisé. C’est juste le retour d’expérience d’une famille qui a exploré le Dockyard pendant un an.
Avec ses coups de cœur, ses découvertes.
Mais avant de rentrer dans le détail de chaque visite, laissez-moi vous planter le décor.
Parce que le Dockyard, ce n’est pas un simple musée.
C’est tout un monde.
Premières impressions du Portsmouth Historic Dockyard
Alors, le Portsmouth Historic Dockyard… Pour être honnête, la première fois qu’on y est allés, je crois qu’on ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi… vaste.
C’est simple, dès qu’on passe les grilles, on se retrouve dans un espèce de monde parallèle.
Une sorte de bulle entre la mer, la ville, et l’histoire militaire.
On entend encore les mouettes, mais autour de vous, ce sont des gréements, des coques en bois, des grues rouillées et des marins sculptés dans la pierre.
Aimée a tout de suite demandé si c’était “un vrai port” ou un décor de cinéma.
En fait, c’est un peu les deux.
C’est un vrai site militaire, encore actif par endroits, mais aussi une espèce de musée à ciel ouvert, plein de coins, de hangars, de bateaux, de musées, de surprises.
Et c’est grand. Vraiment grand.
On pensait faire le tour en deux heures.
On a à peine eu le temps de visiter un navire ce jour-là.
Et encore, sans se presser, c’était déjà trop pour nos jambes.
Bon, j’exagère un peu. Mais vous voyez l’idée.
Ce qui frappe aussi, c’est que tout ça est géré par plusieurs organismes.
On l’a appris après coup (merci Wikipédia, on ne va pas se mentir).

L'accueil du Portsmouth Historic Dockyard Entrance © French Moments
Le musée national de la Royal Navy
Le site est coordonné par le National Museum of the Royal Navy, mais en réalité, il regroupe plein d’entités différentes : la Mary Rose Trust, le Warrior Preservation Trust, la compagnie qui gère HMS Victory… bref, une vraie synergie de passionnés, de conservateurs, de bénévoles et de techniciens.
Et ça se sent. Chaque recoin du Dockyard a sa propre ambiance, son style, son niveau de modernité.
Il y a des attractions ultra-technologiques, comme le musée de la Mary Rose (on en reparlera, parce que franchement c’est bluffant), et puis des endroits beaucoup plus bruts, comme Boathouse 4, où les odeurs de sciure et de peinture marine flottent encore dans l’air.

Portsmouth Historic Dockyard - Boathouse 4 © French Moments
Ce qui est génial, c’est que tout communique : vous passez d’un trois-mâts du XIXe siècle à un sous-marin de la Guerre froide, en faisant un crochet par une galerie interactive sur les marins modernes.
Et au milieu de ça, des gamins qui courent partout, des retraités qui dessinent des coques dans un carnet, des guides en uniforme qui vous sortent des anecdotes incroyables sur la bataille de Trafalgar comme si c’était hier.
Et je ne vous ai pas encore parlé du Harbour Tour – ce petit bateau qui vous emmène faire un tour dans la rade de Portsmouth, avec vue sur les frégates modernes et les vieux docks. Ça, c’est pour plus tard.
Un musée qui évolue continuellement
Ce qu’il faut retenir, c’est que ce n’est pas une attraction figée, comme on pourrait le craindre.
C’est un lieu vivant, en constante évolution. Certaines sections ferment (comme Action Stations, récemment), d’autres ouvrent bientôt (le futur musée des Royal Marines, on en reparlera). Bref, on est loin du musée poussiéreux.
Et pour les familles qui vivent dans le coin, je vous le dis franchement : c’est un investissement qui vaut vraiment le coup.
On y revient, on découvre de nouveaux détails à chaque passage, on adapte la visite selon la météo, l’envie du jour, ou l’énergie d’Aimée ou de ses parents !
Ah, et petit bonus : vous pouvez même y aller en waterbus. Oui, un bateau-navette. Pour nous, rien que ça, c’était déjà une aventure la première fois.
La fabuleuse histoire du Portsmouth Historic Dockyard
Alors, je ne vais pas vous assommer avec une chronologie détaillée – d’autant que, franchement, j’ai retenu tout ça un peu malgré moi, au fil des visites.
Mais il y a un truc qu’on ne peut pas ignorer quand on se balade dans le Dockyard : on marche littéralement sur des siècles d’histoire.
Et pas de l’histoire poussiéreuse. Non, du concret. Des trucs qui ont changé le monde.
Ce chantier naval-là, il date de… 1495. Oui, vous avez bien lu.
À l’époque d’Henri VII, avant même qu’Henri VIII ne commence à casser du monastère.
Le premier dock à sec du monde !
Et c’est ici qu’a été creusé le premier dock à sec du monde.
Le tout premier. C’est fou.
On ne le voit pas directement – il est planqué sous un bassin moderne – mais quand on vous le dit, ça change un peu votre façon de regarder les pavés sous vos pieds.
Et la Mary Rose ? C’est ici qu’on l’a construite.
Le vaisseau fétiche d’Henri VIII. Celui qui a sombré juste en face, dans le Solent, en 1545, et qu’on a repêché en 1982.
C’est une histoire de dingue. Un mix entre Titanic, Fort Boyard, et un épisode de Secrets d’Histoire.

Maquette de la Mary Rose © French Moments
Un chantier au cœur de la puissance navale anglaise
Mais ce n’est pas tout. Ce chantier, il a servi pendant des siècles. Il a vu passer la marine à voile, la marine à vapeur, les cuirassés, les sous-marins nucléaires…
Il a été le cœur de la puissance navale britannique, surtout aux XVIIIe et XIXe siècles, quand l’Angleterre se rêvait impériale et que la marine, c’était plus qu’une armée – c’était une fierté nationale.
Un outil de domination, oui. Mais aussi un monde à part, avec ses codes, ses traditions, ses tragédies.
Et puis vient l’époque victorienne, les innovations en pagaille, et bam ! On lance le HMS Warrior en 1860.
À l’époque, c’était le vaisseau de guerre le plus avancé du monde.
Blindé, rapide, effrayant. Il n’a jamais eu à tirer un seul coup de canon – il faisait déjà peur rien qu’en étant à flot.

HMS Warrior © French Moments
Les cicatrices de la Seconde guerre mondiale
Et puis les guerres mondiales. Là encore, le chantier continue.
On y fabrique des bateaux, des sous-marins, on les répare, on les arme.
Le site est bombardé pendant la Seconde Guerre. Il en garde des cicatrices.
Par exemple, une tour détruite par une bombe sur Storehouse 10 a été reconstruite bien plus tard, en 1992. Et devinez qui l’a inaugurée ? Le prince Charles. Enfin… maintenant le roi Charles III.
Aujourd’hui, tout ça ne sert plus à fabriquer des bateaux (enfin, pas tout à fait – il y a encore un peu d’activité militaire, de loin).
Un parc historique unique en Angleterre
Mais le site a été transformé en parc historique, géré par une poignée de trusts qui bossent main dans la main : ceux qui s’occupent de la Mary Rose, de HMS Victory, du musée, des bâtiments classés…
Et vous savez quoi ? Ça se sent. C’est pas un gros truc froid géré par une seule entité.
C’est un lieu vivant, patchwork, bricolé parfois, mais toujours avec amour.
Certains coins sentent encore l’huile de moteur. D’autres vous replongent dans le XVIIe siècle en un claquement de plancher. Il y a de la passion partout.
Bref, si vous aimez un tant soit peu l’histoire, ce lieu va vous prendre par surprise.
Ce n’est pas juste un musée, c’est un résumé de l’Angleterre maritime, concentré en quelques hectares.
Ah, et j’ai failli oublier : on y croise des vétérans, parfois. Des vrais. Casquette vissée sur la tête, badge sur la poitrine.
Certains étaient sous-mariniers pendant la Guerre froide. Et là, d’un coup, tout devient très concret.

Portsmouth Historic Dockyard © French Moments
Les attractions du Portsmouth Historic Dockyard
Chaque attraction du Portsmouth Historic Dockyard a sa propre ambiance.
Certaines nous ont émus, d’autres impressionnés, d’autres fatigués (on en reparlera).
Mais toutes valent le détour — et parfois, on ne s’y attendait pas.
Ce qui suit, ce n’est pas un top 10.
C’est notre chemin à nous, au fil de l’année, entre surprises, coups de cœur, petites galères, et grands moments.
HMS Victory – Là où Nelson est tombé
C’est sans doute le bateau le plus célèbre du Dockyard, et franchement, on comprend vite pourquoi.
Déjà, il est beau. Imposant, élégant, presque intimidant. On l’a visité un matin un peu couvert, avec cette lumière plate qui rend les coques encore plus sombres et les cordages un peu fantomatiques.

HMS Victory © French Moments
Il ne faut pas être trop grand !
Bon, je dois vous prévenir : il y a des escaliers raides. Des passages très étroits. Des plafonds bas (pauvres gens d’1m85, bon courage).
On n’est pas dans un bateau de croisière, ici. Et tant mieux. Parce qu’on y est pour ressentir, pas juste regarder.
Et là, en montant sur le Quarter Deck, ça nous a pris. Ce n’était pas juste un pont. C’était le pont. Celui où Nelson a été touché par un tir français.

Le lieu où Nelson est tombé. HMS Victory © French Moments
Et ce n’est pas une légende floue : le spot est marqué au sol. Une petite plaque. Sobre. Frappante.
Et là, même Aimée s’est arrêtée. On a tous regardé ce point du pont en silence.
Ce qu’on a adoré, c’est qu’on pouvait vraiment explorer le navire. Les différents ponts, les canons, les cabines. Le lit minuscule du capitaine Hardy (le gars mesurait 1m93 et dormait là-dedans), la salle de chirurgie en bas, dans l’Orlop Deck — le genre de lieu qui vous donne envie de respirer un grand coup en sortant.

HMS Victory © French Moments
L’odeur du bois, les mannequins, les objets… tout est pensé pour vous plonger dans l’époque sans en faire trop.
Victory Live - The Big Repair
Et puis il y a ce chantier incroyable en cours : Victory Live – The Big Repair.
Vous pouvez monter sur les échafaudages et voir de près les parties du navire en cours de restauration.

Victory Live: The Big Repair © French Moments
Pas un décor. Le vrai travail de conservation.
Des charpentiers, des techniciens, des outils, des copeaux.
Au final, on a passé presque deux heures sur ce seul navire. Et on n’a pas vu le temps passer. Enfin si, un peu, vers la fin, quand nos ventres ont commencé à crier famine. Mais on y serait bien restés plus longtemps.
Ce que je retiens ? Ce n’est pas qu’un bateau.
C’est un monument flottant, un lieu chargé, habité, presque émouvant. Même sans être passionné de marine, on sent qu’il s’est passé quelque chose ici.
The Mary Rose – Des os, des objets… et une claque émotionnelle
Alors là… comment dire ? Je ne m’attendais pas à ça. Vraiment pas.
Quand on a dit à Aimée qu’on allait voir une épave du XVIe siècle, elle a levé les yeux au ciel.
Et moi, dans ma tête, j’imaginais un vieux bout de bois derrière une vitre, avec trois étiquettes et une vidéo en boucle.
Quelle erreur. Mais alors… quelle erreur.
Un monde englouti
Le musée de la Mary Rose, c’est pas juste un musée.
C’est un monde englouti qu’on vous recrée sous les yeux.
On entre dans une salle sombre, presque silencieuse, un peu fraîche, et tout de suite, ça vous happe.
Au centre, cette énorme demi-coque, noire, imposante, fragilisée mais toujours là. Une partie du navire d’Henri VIII, coulée en 1545 devant Portsmouth, et remontée en 1982 après 437 ans au fond de l’eau. Rien que ça.

Le Mary Rose par Anthony Roll. Public Domain via Wikimedia Commons
Mais ce n’est pas le bateau qui m’a le plus bouleversé. C’est tout ce qu’ils ont retrouvé à l’intérieur.
Des chaussures. Des bols. Des peignes. Des jeux de dés (illégaux à l’époque). Des instruments chirurgicaux. Des poignards. Des perles. Des animaux. Un chien (qu’ils ont surnommé Hatch).

Le musée de la Mary Rose © French Moments
Et surtout… des corps. Enfin, des squelettes. Beaucoup. Des jeunes. Des vieux. Des archers. Des marins. Des cuisiniers.
Tous morts en quelques minutes. Coincés sous le pont.
Je ne m’attendais pas à ressentir ça. Mais à un moment, on regarde un petit bol en bois gravé d’un motif simple, et on se dit : Quelqu’un l’a tenu. Quelqu’un a mangé avec. Quelqu’un est mort avec.
C’est bête, mais j’ai senti un petit nœud dans la gorge.
Une fantastique mise en scène
C’est vrai que l’ambiance est… particulière. Un peu comme dans une cathédrale. Ou un sanctuaire.

Mary Rose © French Moments
Le plus dingue, c’est la technologie qu’ils utilisent pour vous faire revivre le dernier jour du navire.
Les projections, les sons, les reconstitutions 3D : on voit les hommes à bord, on entend les ordres, les cris, le chaos… Et puis, plus rien. Silence. Écran noir. Et la coque, là, figée. C’est franchement très fort.
Je vous conseille juste de ne pas y aller trop vite. Prenez le temps. Regardez les objets. Lisez les petits panneaux. Tout est authentique. Tout est vrai.

Maquette de la Mary Rose © French Moments
HMS Warrior – Le monstre qui n’a jamais tiré
Après la Mary Rose et le choc émotionnel qu’on venait de se prendre, on avait besoin d’un peu de… comment dire… solidité ?
Et là, le HMS Warrior s’est imposé tout naturellement.

Le HMS Warrior © French Moments
C’est simple, on ne peut pas le rater. Il est énorme. Posé là, dans le port, comme un géant de métal et de bois.
Même Aimée l’a regardé avec des yeux ronds. “Il a combattu, lui ?” — Eh ben non, justement. Et c’est ça le plus fou.
Lancé en 1860, le Warrior était le vaisseau de guerre le plus avancé de son époque : blindé, rapide, motorisé, mais avec encore des voiles.
Il faisait tellement peur aux ennemis potentiels (coucou la France) qu’il n’a jamais eu besoin de se battre. Juste sa présence suffisait.
On est montés à bord un jour un peu venteux, et ça craquait dans les cordages. Ce navire-là, il a une présence physique.
On se sent tout petits.

HMS Warrior © French Moments
Impressions de l'intérieur
Et à l’intérieur, tout est en bois foncé, en métal noir, en lignes tendues. Ce n’est pas chaleureux, mais c’est puissant.
Ce qui est génial, c’est que la visite est assez libre.
Pas besoin de suivre un groupe ou un parcours rigide.
On flâne. On grimpe. On descend. On s’égare.

HMS Warrior © French Moments
À un moment, on s’est retrouvés dans une sorte de salle à manger, toute reconstituée.
Ce que j’ai trouvé fascinant, c’est ce contraste : tout est encore debout, presque intact, et pourtant, cette technologie-là est déjà obsolète à peine 10 ans après sa mise en service.
On parle quand même d’un navire qui est passé de la dissuasion mondiale à l’abandon total en à peine un demi-siècle.
Et pourtant, il est là. Magnifique.
Récupéré in extremis dans les années 1980, restauré avec une précision folle, et maintenant ouvert aux curieux comme nous.
Franchement, si vous voulez voir un monstre paisible, un colosse qui a marqué l’histoire sans jamais tirer un coup de feu, c’est là qu’il faut aller.

HMS Warrior © French Moments
HMS M.33 – Petit bateau, grande histoire
Alors celui-là… honnêtement, on l’aurait presque raté. Il est discret, un peu coincé derrière le reste.
Pas de grandes voiles, pas de mâts, pas de pavillon majestueux. Juste un petit navire gris, presque banal. Et pourtant...

HMS M.33 © French Moments
HMS M.33, c’est un bateau de guerre de la Première Guerre mondiale, un “monitor” comme ils disaient à l’époque.
Ça veut dire un navire plat, robuste, conçu pour bombarder la côte tout en restant proche du rivage. Un bulldozer flottant, en quelque sorte.
On y est montés un peu par hasard, après le Warrior. Il n’y avait personne, ou presque.
Un bénévole sympa nous a salués à l’entrée, avec un grand sourire. “Vous allez voir, c’est un petit mais costaud.” Il n’avait pas menti.
À l’intérieur, c’est simple. Brut. Sans fioriture. Et c’est ce qui rend l’expérience encore plus forte.
Le HMS M.33 à la bataille de Gallipoli
Ce bateau-là a participé à la bataille de Gallipoli, l’un des pires désastres militaires de la Grande Guerre.
Il a pilonné les positions ennemies pendant des jours, à bout portant.
Et le plus fou ? Aucun membre de l’équipage n’est mort au combat. Une sorte de miracle flottant.

HMS M.33 © French Moments
Aimée, elle, a tout de suite accroché. Peut-être parce que le bateau est à taille “enfant”. Elle pouvait toucher les murs, grimper sans aide, se faufiler dans les couloirs.
À un moment, elle s’est assise sur une caisse en métal et m’a dit très en plaisantant : “Je pourrais vivre ici.” — Mouais. Deux jours max, avec son goût pour les bains moussants.
Ce que j’ai trouvé fort, c’est la partie sur la mission en Russie, après la guerre.
M.33 a été envoyé pour soutenir les forces anti-bolcheviques sur un fleuve gelé.
Il s’est échoué, il a été endommagé, mais il a survécu.
Et il est là, devant nous, avec ses tôles cabossées et son histoire incroyable.
Le tout est bien expliqué, mais sans surcharge. Juste ce qu’il faut pour comprendre que ce petit navire a traversé l’enfer avec un courage silencieux.
On n’y est pas restés très longtemps — une demi-heure peut-être — mais c’est une parenthèse touchante, une sorte d’hommage modeste à une guerre qu’on évoque moins souvent dans ce genre de lieux.
Et puis, il y a un charme fou à ces bateaux “oubliés” qu’on découvre presque par accident. Celui-là, c’est un peu le héros discret du Dockyard.
Le National Museum of the Royal Navy
Je vais être franc : au début, je n’étais pas hyper chaud pour le musée.
Disons qu’après avoir grimpé dans les navires, touché du bois vieux de 300 ans et vu des canons de près, l’idée de “juste lire des panneaux” m’emballait moyennement.
Bon… j’avais tort.

National Museum of the Royal Navy © French Moments
Parce qu’en fait, ce musée-là, il ne parle pas que de la marine.
Il parle des gens. Des marins. Des familles. Des objets du quotidien.
C’est un musée de vies, pas de navires. Et ça, ça change tout.
On est entrés par la galerie “Hear My Story”, et là, coup de cœur immédiat.
Des témoignages enregistrés, des objets personnels, des petits morceaux de la grande histoire racontés par ceux qui l’ont vécue.
Un marin dans les années 40, une infirmière en mer, un sous-marinier qui évoque les longs mois sans lumière… On entend leurs voix. Leurs vraies voix. Et franchement, ça vous prend aux tripes.
Aimée est restée scotchée devant un écran qui diffusait des images de la guerre des Malouines.
Elle ne comprenait pas tout, évidemment, mais elle regardait, en silence. Et là, nous avons reçu une petite leçon d'histoire que nous, les Français, ne connaissons pas bien : the Falklands War (la guerre des Malouines qui opposa en 1982 le Royaume-Uni à l'Argentine).
On remonte le temps aux 18e et 19e siècles
Après, on est passés dans les galeries du XVIIIe et XIXe siècles.
Là, on retrouve un peu plus le style “musée maritime classique” : les voiles, les maquettes, les uniformes.
Mais même là, c’est bien fichu. Ils ont réussi à donner du relief à des trucs qu’on pensait connaître.
Nelson, par exemple. On croit tout savoir sur lui, non ?
Eh bien non. Entre ses lettres, ses blessures, son côté franchement mégalo parfois… On le découvre différemment. Moins statue, plus humain.
Et puis il y a ce truc immense : le panorama de la bataille de Trafalgar, peint par W.L. Wyllie.

Panorama de la bataille de Trafalgar © French Moments
Treize mètres de long. Une fresque impressionnante qu’on peut maintenant explorer avec des outils numériques pour zoomer, comprendre les détails, etc. (Bon, j’ai mis dix minutes à comprendre comment fonctionnait l’écran tactile, mais ça, c’est moi.)
Ce musée, c’est un peu comme un fil rouge, un endroit où tout ce qu’on voit dehors — les bateaux, les figures historiques, les conflits — prend une cohérence.
Et c’est aussi une bonne pause quand on commence à avoir les jambes en compote.
En repartant, j’ai acheté un petit livre sur les traditions de la Royal Navy. Et Aimée a insisté pour prendre d'autres livrets sur le musée.
C'était une bonne idée : ces ressources m'ont permis d'étudier à nouveau le site avant de rédiger cet article.

National Museum of the Royal Navy © French Moments
Boathouse 4 – Le parfum de la sciure et des souvenirs
Celui-là, on ne l’avait pas du tout prévu.
Il faisait un peu moche ce jour-là, le ciel menaçait, on avait déjà pas mal marché… et puis on a vu cette grande structure en verre et acier, avec un panneau “Boathouse 4”.

Le Boathouse 4 © French Moments
Nous commencions à fatiguer, alors on s’est dit : “Allez, on va juste jeter un œil.”
Eh ben… on est restés presque une heure.
Là-dedans, pas de canons, pas de drapeau troué par une bataille, pas de reconstitution dramatique.
Juste des bateaux. De petits bateaux.

A l'intérieur du Boathouse 4 © French Moments
Et des gens. Vrais, en blouse, en train de bosser.
Boathouse 4, c’est à la fois un musée, un atelier, une école, et un resto avec vue (j’y reviendrai).
En gros, on y restaure — ou on y fabrique — des embarcations traditionnelles.
Et on peut les voir, ces gens. Des charpentiers, des bénévoles, des passionnés qui poncent, scient, ajustent, discutent. Il y avait une odeur de bois frais et d’huile, un truc rare, presque émouvant.
Et puis il y a l’expo “Forgotten Craft”, à l’étage.
Des dizaines de petites embarcations historiques suspendues ou posées là, chacune avec son histoire.
Un canot utilisé par les Cockleshell Heroes (je ne savais même pas que ça existait), un bateau de débarquement des Malouines, une barque royale…
C’est un pan de la marine souvent oublié, mais qui a pourtant joué un rôle énorme. Ça change des gros mastodontes comme le Warrior.
Et puis bon, soyons honnêtes… on aurait voulu craquer pour le resto. Boathouse 4 abrite un café-restaurant super sympa, avec des grandes baies vitrées qui donnent directement sur le port.
Harbour Tour & Waterbus – Un petit tour en bateau
Alors là, je vais être clair : si vous allez au Dockyard et que vous zappez le Harbour Tour, vous ratez un truc.
Ce n’est pas “juste une balade en bateau”, non. C’est un changement de perspective. Littéralement.
Nous, on l’a fait un peu tard dans l’année, un jour de ciel bleu rare (oui, à Portsmouth, ça compte).

Portsmouth Harbour © French Moments
Il y avait un petit vent, les mouettes en mode attaque aérienne, et Aimée qui répétait “On va VRAIMENT monter sur CE bateau ?” avec un mélange d’excitation et d’inquiétude.
Spoiler : elle a adoré.
Le tour dure environ 45 minutes, et il fait le tour complet du port de Portsmouth.
Ce que ça veut dire ? Que vous passez devant les vrais navires de la Royal Navy.

Navire de guerre de la Royal Navy © French Moments
Des frégates, des destroyers, des bâtiments immenses, modernes, parfois impressionnants, parfois franchement moches (désolé, le gris mat, c’est pas super photogénique).
Mais on est à dix mètres. On sent que c’est pas du cinéma.
Et puis le guide à bord, ce jour-là, était parfait.
Pas trop bavard, mais drôle, précis, passionné. Il nous a appris qu’on passait devant le Queen Elizabeth, un porte-avions gigantesque, et qu’à cet endroit précis, la Reine Victoria est venue en train visiter les dockyards.
On ne s’y attendait pas, mais c’était comme une mini-visite historique en mouvement. Aimée s’est même intéressée à l’histoire navale pour au moins… dix minutes. Ce qui est déjà un exploit.

Spinnaker Tower, Portsmouth © French Moments
Le Waterbus
Et alors, le Waterbus, parlons-en.
C’est la petite navette qui fait le lien entre le Dockyard “principal” et les musées de Gosport (dont je vous parlerai après).
Autant vous dire que quand vous avez un enfant, c’est bien plus qu’un simple moyen de transport.
C’est une aventure. On embarque, on traverse le port, on voit les cargos, les oiseaux, les phares… et hop, on débarque de l’autre côté.
Même nous, on a trouvé ça fun. Et franchement pratique. Surtout quand les jambes commencent à râler.
Mais ce que j’aime, c’est que ces petits trajets-là, souvent oubliés dans les guides, font partie de l’expérience.
On ne fait pas juste “des musées”. On se déplace dans une base navale, on prend le bateau pour aller au musée.
Et ça, ça rend tout plus vivant, plus réel. On n’est pas seulement dans une salle climatisée. On est au cœur d’un port historique.

L'entrée du port de Portsmouth et l'Île de Wight © French Moments
Royal Navy Submarine Museum
On y est allés un matin, en voiture cette fois.
C’est un coin calme de Gosport, un peu à l’écart, comme si le musée lui-même voulait rester discret, à l’image de ce qu’il raconte : la vie sous l’eau, dans l’ombre.
De l’extérieur, rien de spectaculaire. Un bâtiment fonctionnel, un parking tranquille, et derrière… un sous-marin géant posé là, comme oublié par une tempête.
Mais avant de monter à bord (je vous parlerai de HMS Alliance à part), on a pris le temps de faire le musée.
Et franchement ? Ça valait largement le détour.
C’est un lieu qui ne fait pas de chichi. Pas d’effets tape-à-l’œil, pas d’animations bruyantes. Juste une ambiance posée, presque froide, et des histoires. Des vraies. Celles de ceux qui ont vécu des semaines, voire des mois, enfermés dans un tube de métal sous la mer.
Le musée retrace plus d’un siècle de service sous-marin dans la Royal Navy.

Submarine Museum © French Moments
Le sous-marin Holland 1
On y découvre Holland 1, le tout premier sous-marin britannique — un engin à peine plus gros qu’une torpille, qui paraît aujourd’hui absurde tant il est minuscule. Aimée l’a regardé un moment en silence, puis elle a dit : “Ils allaient VRAIMENT là-dedans ?” — Oui, ma chérie. Et sans Internet.
On avance, et chaque salle ajoute une couche. Des photos en noir et blanc, des carnets de bord, des maquettes, mais surtout : des objets personnels. Une brosse à dents, une montre, une lettre.
Et là, le musée commence à vous parler autrement.
On n’est plus dans la technologie, on est dans l’humain. La routine, la peur, l’attente. L’ennui aussi, parfois.

Submarine Museum, Portsmouth © French Moments
Il y a aussi cette petite section sur les missions secrètes, avec le fameux sous-marin miniature X24.
Encore un engin totalement fou : minuscule, claustrophobique, et pourtant capable de couler un navire ennemi.
Juste en le regardant, on se sent à l’étroit. Moi, j’ai essayé d’imaginer passer huit heures là-dedans. J’ai eu des sueurs rien qu’à l’idée.
Les chiffres des sacrifices
Et puis il y a les chiffres. Ceux qu’on oublie.
Les 5 300 sous-mariniers britanniques morts en service.
Les missions ratées. Les sacrifices.
En repartant, on est restés un moment devant Holland 1. Et je me suis surpris à dire tout haut : “J’aurais jamais eu le courage.” Personne n’a répondu, mais je crois qu’on pensait tous la même chose.
Le sous-marin HMS Alliance
Honnêtement, je ne m’attendais pas à ressentir autant de choses dans un sous-marin.
Je pensais que ce serait technique, froid, un peu comme regarder un moteur d’avion ou une vieille centrale électrique.
Mais HMS Alliance… c’est autre chose.

HMS Alliance © French Moments
Déjà, il est là, posé en plein air, légèrement surélevé, comme prêt à repartir en mission.
De loin, il paraît presque élégant, long, lisse, fuselé.
Et puis on approche. Et là, on voit les détails.
La peinture qui s’écaille par endroits, les écoutilles, les soudures.
C’est un monument. Mais pas un monument de pierre. Un monstre silencieux.

Le sous-marin HMS Alliance dans toute sa longueur ! © French Moments
La visite de l'intérieur d'un sous-marin
La visite se fait à l’intérieur, en petit groupe. Et quand on passe cette première trappe… tout se resserre.
L’éclairage est tamisé, les sons sont filtrés.
On entend les voix enregistrées de marins qui racontent leur quotidien à bord.
Les odeurs ont disparu (heureusement), mais les traces sont partout : rayures sur les murs, inscriptions au crayon, objets suspendus.

HMS Alliance © French Moments
On avance lentement, parce que tout est étroit.
À un moment, on se retrouve au milieu des torpilles, entre deux hamacs suspendus à trente centimètres du plafond.
Oui, ils dormaient au-dessus des torpilles. C’est pas une métaphore. C’est la réalité.
Et puis le silence. C’est peut-être ce qui m’a le plus frappé.
Même avec les visiteurs autour, on sent le poids du silence d’époque.
Ce silence obligé, tendu, stratégique. Pas un son inutile, pas un claquement, pas une semelle qui traîne.
Il fallait rester discret. Invisibles sous l’eau. Attentifs. Et prêts.
Un mémorial vivant
On a aussi vu la partie rénovée récemment : la salle de contrôle, les instruments de navigation, le périscope (qu’on peut tester !).
Et là, pour la première fois, on a pu imaginer le quotidien d’un commandant de bord. Stress permanent. Ordres courts. Vigilance extrême. Et 70 hommes entassés derrière.
Ce sous-marin, c’est plus qu’une pièce de musée. C’est un mémorial vivant. Une capsule d’histoire.
Et en même temps, un espace très physique, très concret. On le touche, on le ressent.

HMS Alliance © French Moments
En sortant, j’étais un peu secoué. Fatigué, aussi. Comme si ce voyage immobile m’avait aspiré de l’intérieur.
Ma femme, elle, a juste dit : “Je ne pourrais jamais faire ça.” Et je crois que c’est exactement ça : on ressort en comprenant à quel point c’était inhumain… mais fait par des humains.
Explosion Museum of Naval Firepower
Il y a des visites comme ça qu’on sous-estime un peu.
Explosion, c’était ça pour nous au début.
On y est allés parce que c’était inclus dans le pass, et on s'y est rendu en voiture.
Déjà, l’endroit en lui-même est canon. Enfin… pas “beau” dans le sens carte postale, mais authentique.
L’ancien dépôt d’armement naval de Priddy’s Hard, avec ses briques rouges, son atmosphère un peu rouillée, ses rails au sol… on sent que des choses importantes s’y sont passées. Et pas des petites.

Explosion Museum © French Moments
L'histoire de l'armement
À l’intérieur, on découvre tout un pan de l’histoire navale qu’on n’aborde presque jamais ailleurs : celui de l’armement.
Mines, torpilles, missiles, obus… c’est impressionnant, parfois flippant, souvent fascinant. Certains objets sont énormes, d’autres minuscules, mais tous racontent une époque, une stratégie, un conflit.
Aimée, elle, a flashé sur les torpilles. Surtout celles qui ressemblent à des poissons géants.

Aimée dans la salle des torpilles de l'Explosion Museum © French Moments
Moi, c’est les mécanismes internes qui m’ont bluffé. Des engrenages précis, des déclencheurs sensibles, des inventions d’une complexité folle pour… faire exploser des choses.
C’est un peu dérangeant, parfois, d’ailleurs. Mais nécessaire à comprendre.
Ce qui m’a le plus marqué ? La partie sur les femmes.
Le rôle des femmes pendant la Seconde guerre mondiale
Pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, des centaines de femmes ont travaillé ici, à remplir des obus, à réparer des munitions, à préparer le matériel pour le front.
C’était dangereux. Long. Répétitif. Et elles le faisaient.
Il y a des photos d’époque, des témoignages. Un silence respectueux qui flotte dans ces salles pourtant pleines de machines de mort.
La logistique pour le Débarquement de Normandie
On a aussi appris que le site avait joué un rôle majeur pour le Débarquement de 1944.
Toute la logistique de l’armement maritime est partie d’ici. Des milliers de caisses. De barils. De munitions. L’envers du décor.

Explosion Museum © French Moments
Et puis il y a une ambiance. Un petit quelque chose qui fait que ce n’est pas un musée comme les autres.
Il y a moins de monde. Les salles sont grandes, un peu froides, un peu vides parfois.
Mais on prend le temps. On lit, on s’imprègne.
Ce n’est pas tape-à-l’œil. C’est brut. Et ça fonctionne.
Ah, et j’allais oublier : le café sur place est plutôt chouette.
Vue sur la rade, quelques tables au calme, des sandwichs simples mais bons.
On s’y est posés un moment, histoire de souffler. Parce qu’après avoir vu autant d’explosifs, un thé chaud et un muffin moelleux, ça fait franchement du bien.
The Night Hunters – Des bateaux fous et des missions suicides
C’est une expo qu’on n’avait pas prévue. Vraiment. Elle est planquée dans un recoin du site Explosion, on y est tombés un peu par hasard, en suivant un panneau qui disait “Coastal Forces”. On s’est dit “Pourquoi pas ?” Et… wow.
The Night Hunters, c’est une expo dédiée aux forces côtières de la Royal Navy.
Autrement dit, des petits bateaux ultra rapides envoyés dans des missions de nuit, à fond la caisse, dans le noir complet, avec des torpilles à bord, pour aller semer le chaos chez l’ennemi.
Des espèces de Spitfires de la mer. Et franchement, je crois que c’est l’un des trucs les plus fous qu’on ait vus au Dockyard.

Night Hunters Exhibition © French Moments
Les bateaux en mission
Il y a deux bateaux authentiques à l’intérieur : CMB 331 et MTB 71.
Des noms de code un peu froids pour des engins hyper expressifs.
Le genre de bateau qui a l’air de vouloir partir tout seul dès qu’on l’approche.
Ce qui est génial dans cette expo, c’est l’ambiance.
Tout est sombre, feutré, ponctué d’éclairages ciblés.
Et puis il y a cette mise en scène sonore, avec une simulation de raid nocturne.
On entend les moteurs, le vent, les ordres chuchotés, les tirs. Et là, même si on n’a jamais mis les pieds dans une vedette torpille de notre vie, on sent le stress monter.
Ce n’étaient pas de grandes frégates bien organisées. Non. C’étaient des gars embarqués à la va-vite dans des bateaux qui allaient à 35 nœuds, en espérant revenir. Et parfois, ils ne revenaient pas.
Des objets personnels
On a aussi vu des objets personnels, des croquis faits à la va-vite sur des carnets de bord, des photos d’équipage où les gars sourient, malgré tout.
C’est très humain, très direct. Et pas du tout glorifié. On sent bien que c’était dur, dangereux, souvent désespéré.

Night Hunters Exhibition © French Moments
Mais aussi plein de camaraderie, de fierté. Et d’un certain goût du risque, clairement.
Ce que j’ai aimé, c’est qu’on ne connaissait rien à ces forces côtières avant.
Et en ressortant, on se disait : “Mais pourquoi on n’en parle pas plus ?”
Ce sont eux qui allaient chercher les pilotes abattus, poser des mines sous le nez de l’ennemi, surveiller les côtes la nuit… des héros qu’on a un peu oubliés.
Et puis bon, les bateaux sont vraiment stylés. Ça compte aussi, non ?
Le futur Royal Marines Museum
Jusqu'en février 2025, le dockyard comprenait l'attraction Action Stations.

Le bâtiment qui abritait jusqu'en février 2025 l'Action Station © French Moments
C’était un espace ultra interactif, pensé à l’époque pour rendre la vie navale “vivante” pour les enfants (et les grands enfants aussi, soyons clairs).
Simulateurs de vol, mur d’escalade, jeux laser, écrans tactiles, jeux de rôle autour de la Royal Navy moderne… c’était un peu le Disneyland militaire local, sans la musique et les peluches.
Mais voilà, tout ça c’est terminé. Fermé définitivement en février 2025.
On l’a appris en y retournant un peu tard dans l’année. À la place, les équipes sont en train de transformer l’espace pour y installer le futur Royal Marines Museum, prévu pour l'été 2026. Et franchement, on a hâte.
Conseils pratiques de visite
Alors, avant de rentrer dans les détails, je vais commencer par une info importante, surtout si vous lisez cet article depuis la France ou que vous envisagez une visite en mode “vacances culturelles en famille” : le Dockyard n’est pas très French-friendly.
Voilà, c’est dit.
La majorité — pour ne pas dire la quasi-totalité — des panneaux explicatifs, des vidéos, des jeux interactifs, des notices, etc. sont en anglais.
Et uniquement en anglais.

Visite guidée (en anglais) à bord du HMS Victory © French Moments
On ne vous propose pas d’audioguide en français à l’entrée (en tout cas, on n’en a jamais vu).
Pas de livret enfant bilingue non plus. Donc si vous ou vos enfants n’êtes pas à l’aise avec la langue, prévoyez de traduire sur votre téléphone ou de faire un peu de lecture avant. Parce que sinon, vous allez passer à côté de plein de choses passionnantes.
Cela dit, même sans tout comprendre, le visuel est souvent très fort. On peut ressentir les choses sans tout lire.
Et les enfants, eux, s’en fichent généralement : ils veulent explorer, toucher, grimper. Ce qui tombe bien, car beaucoup d’espaces sont justement pensés pour ça.
Maintenant, soyons concrets.
L’Ultimate Explorer Ticket : un bon plan ?
Clairement, oui. Surtout si vous habitez dans la région, comme nous.
L'Ultimate Explorer Ticket est valable un an, vous pouvez y retourner autant de fois que vous voulez, et franchement, vu le nombre d’attractions, vous ne verrez pas tout en un jour. Même pas en deux, honnêtement.
Nous, on a étalé nos visites sur l’année 2024 (et nous pensons recommencer à la mi-2025).
Et à chaque fois, on découvrait quelque chose de nouveau. Un détail, un bâtiment qu’on avait zappé, un petit coin sympa qu’on n’avait pas remarqué. Bref : c’est un pass malin, surtout en famille.
Avec des enfants ?
Ça dépend. Si vous avez un tout-petit en poussette, prévoyez que certains navires ne sont pas accessibles. HMS Victory, par exemple, c’est escalier sur escalier, ponts bas, passages étroits. Impossible d’y aller avec une poussette. Même chose pour HMS Alliance.
Mais sinon, pour les enfants un peu plus grands : c’est le paradis de l’exploration.
Des bateaux partout. Des objets étranges. Des trucs qui explosent (enfin… presque).
Et s’ils aiment grimper, toucher, imaginer, ils vont adorer.

Aimée s'exerce au tir à l'arc ! © French Moments
Manger sur place ?
Oui. Il y a plusieurs options, et Boathouse 4 est clairement notre préféré. Calme, bon, belle vue.
Sinon, le Mary Rose Café est pratique, surtout entre deux visites. Ce n’est pas de la haute gastronomie, mais c’est correct, surtout quand on a besoin d’un thé et d’un gâteau moelleux après trois heures de marche.
Ah, et vous pouvez aussi pique-niquer dans Porter’s Garden, un petit jardin tranquille à l’entrée. Très sympa aux beaux jours.

Le bâtiment du Mary Rose et le café © French Moments
Le waterbus : gadget ou indispensable ?
Indispensable. Et génial. C’est le petit bonus qui rend la visite encore plus fun, surtout pour les enfants.
Et puis c’est pratique : il relie la partie “principale” du Dockyard à Gosport, où se trouvent plusieurs musées (le Submarine Museum, Explosion…).
On l’a pris sous la pluie, sous le soleil, par vent fort… à chaque fois, c’était un moment à part.
Combien de temps prévoir ?
C’est là que ça se corse. Si vous ne venez qu’un jour, il va falloir faire des choix.
Un jour, c’est bien pour découvrir les “grands classiques” : Victory, Mary Rose, Warrior, peut-être un musée.
Deux jours, c’est plus confortable.
Trois ou quatre ? Là, vous êtes tranquilles.
Nous, on y est allés une dizaine de fois en un an. Et honnêtement ? On ne s’est jamais ennuyés.
Et si vous ne parlez pas anglais du tout ?
Alors… ce sera compliqué. Pas impossible, mais oui, frustrant. Parce que les récits, les objets, les témoignages… tout ce qui fait la richesse du Dockyard repose beaucoup sur le texte.
C’est dommage qu’ils n’aient pas encore fait l’effort d’une vraie traduction ou d’un audioguide multilingue.
Peut-être avec le nouveau musée des Royal Marines ? On espère.

Bâtiments historiques du Portsmouth Historic Dockyard © French Moments
Conclusion – Une histoire de bateaux… et de souvenirs
Quand je repense à cette année passée à explorer le Portsmouth Historic Dockyard, je ne vois pas des dates, des canons, des uniformes. Je vois des moments.
Je vois notre fille Aimée en train de grimper dans un vieux navire comme si c’était un château.
Je nous revois, un sandwich à la main, assis sur un banc face à la rade, à regarder passer un destroyer moderne entre deux goélands.
Je me souviens de cette salle silencieuse de la Mary Rose, où même les enfants chuchotent sans qu’on leur demande.
Et je pense à tous ces petits détails : la sciure de Boathouse 4, les odeurs d’huile de HMS Alliance, les éclats de rire dans le waterbus sous la pluie.
On ne visite pas juste un musée ici. On marche dans un port encore actif, un chantier naval millénaire, un endroit où l’histoire se croise avec le quotidien.
C’est un site qui bouge, qui évolue — parfois même d’une visite à l’autre. Et c’est ce qui nous a plu.

Barque funéraire de Nelson © French Moments
Alors si vous êtes dans la région, que vous avez un peu de temps, un peu de curiosité, et peut-être un enfant à traîner (ou à émerveiller), franchement… allez-y.
Prenez le pass. Revenez plusieurs fois. Laissez-vous surprendre.
Et surtout : prenez le temps. Il y a toujours un coin qu’on n’avait pas vu, une histoire qu’on avait zappée, un bateau qu’on croyait comprendre — jusqu’à ce qu’on monte à bord.
Et si jamais vous y allez en 2026… dites bonjour pour nous au nouveau musée des Royal Marines. On reviendra sûrement le voir aussi.