Wickham.
Le nom nous était familier, mais pas à cause du village lui-même.
C’était plutôt parce qu’on y passait sans s’arrêter, sur la route de Marwell Zoo.
Une silhouette d’église entrevue au passage d'une intersection, une grande place vaguement devinée derrière les pare-brise enchaînés, un panneau touristique peut-être, mais rien de plus.
Et puis un jour, fin juillet, on s’est dit : “Et si, pour une fois, Wickham n’était pas juste un passage… mais une destination ?”
La vraie raison, soyons honnêtes, tenait dans une boîte.
Une belle boîte, avec ruban de satin et chocolat belge à l’intérieur.
Offerte par des amis quelques mois plus tôt, elle avait laissé une impression indélébile dans nos papilles.
En découvrant que ces merveilles venaient d’une petite confiserie familiale installée à Wickham, on avait aussitôt trouvé un prétexte délicieux pour s’y rendre.
Ce n’est pas une grande ville. Ce n’est même pas une “petite ville” au sens français du terme, mais plutôt un gros village anglais avec une âme, de la mémoire, et des coins inattendus qui méritent qu’on s’y attarde — ne serait-ce que pour les savourer… un peu plus longtemps que prévu.

De vieilles maisons sur Bridge Street
Premiers pas dans Wickham
En arrivant, ce qui frappe d’abord, c’est The Square - la grand place.
Wickham possède une des plus grandes places médiévales d’Angleterre, dit-on — près de deux acres, soit l’équivalent d’un bon terrain de foot et demi, voire deux si vous êtes optimiste.

Le long de The Square
On s’attend à une place piétonne avec fontaine, bancs, façade de pub centenaire, pigeons sur les toits.
Eh bien non. Ce qui occupe la majorité de l’espace, ce sont… les voitures. Des rangées entières de stationnement, des marquages blancs bien droits, quelques klaxons étouffés.

The Square et son parking
C’est dommage, franchement. On imagine facilement cette place transformée en une grande esplanade pavée, semi-piétonne, où les enfants pourraient courir, où les marchés d’artisans s’installeraient en toute saison, où l’on pourrait flâner sans surveiller les rétroviseurs.
Wickham y gagnerait en charme immédiat.

The Square et son parking
Mais une fois qu’on a levé les yeux — au-delà des capots et des hayons — on découvre une succession de jolies façades : des maisons géorgiennes au style impeccable, quelques rares pans de bois anciens, des boutiques avec enseignes à l’ancienne, et, plus loin, l’église Saint-Nicolas qui veille, posée sur son tertre comme une sentinelle de pierre.

Détail d'un pub fleuri

Un autre pub fleuri sur The Square

Un pub sur The Square
Une confiserie belge comme point de départ
Mais notre but du jour n’était pas architectural. Il était sucré.
Installée dans une allée discrète du centre, la Confiserie Verdonk ne paie pas de mine de l’extérieur — une petite vitrine, un porche, quelques mots dorés sur la porte.

La vitrine de la Confiserie Verdonk à Wickham © French Moments
Mais une fois à l’intérieur… c’est un autre monde.
Des boîtes de chocolat de toutes tailles, des bonbons à l’ancienne, du nougat italien, des fudge anglais, des Jelly Belly rangées par couleur.
Et surtout, des pralines belges, fraîches du jour, venues tout droit de Bruges — plus de 100 parfums différents !
On s’est souvenus de nos amis, de cette boîte qu’ils nous avaient offerte, et on n’a pas résisté à l’envie de refaire le plein.
Difficile de choisir. Noisette croustillante ? Caramel au beurre salé ? Truffe au café ? Et si on prenait… tout ? (Non. Enfin, presque.)
Même Hercule Poirot, s’il avait visité Wickham, aurait approuvé ce détour.
Chocolat belge dans un village anglais. Équilibre parfait entre rigueur et plaisir.

Dans la confiserie

Bonbons d'antan

Bonbons d'antan
Ambiance “vieille Angleterre” : galeries et bric-à-brac
Une fois les précieuses boîtes en main, nous avons décidé de prolonger le plaisir.
Car Wickham, même s’il est petit, offre de quoi flâner — à condition d’aimer chiner et de ne pas être trop pressé.
J'aime particulièrement les vieilles maisons sagement alignées le long de Bridge Street.

Maison de maître sur Bridge Street

Maison de maître sur Bridge Street

De vieilles maisons sur Bridge Street

Bridge Street à Wickham

Détail de la Old Barracks

Bridge Street à Wickham
Boutiques et galeries
Sur la grande place, plusieurs petites galeries et centres commerciaux atypiques attirent l’œil.

La galerie de Warwick Lane à Wickham
Rien à voir avec un centre commercial moderne — ici, on parle de Warwick Lane, de Bay Tree Walk, de boutiques de créateurs, de cartes faites main, de bougies parfumées, de bijoux artisanaux, de céramiques improbables et de collections d’objets “so British”.

Galerie à Wickham

Galerie à Wickham
Il y a même une galerie d’art où l’on peut voir (et acheter) les œuvres d’artistes locaux.
Mais notre coup de cœur absolu, ce fut le Chesapeake Mill.
Chesapeake Mill : du navire de guerre au moulin à souvenirs
En approchant du Chesapeake Mill, on a eu cette impression étrange d’être à la fois dans un magasin d’antiquités… et dans un chapitre oublié de l’histoire navale.

Chesapeake Mill à Wickham
Car ce bâtiment n’est pas un moulin ordinaire.
Construit en 1820 avec les bois récupérés d’un navire de guerre américain capturé par les Anglais, le Chesapeake Mill est à lui seul un paradoxe historique.
Imaginez : la frégate USS Chesapeake, capturée pendant la guerre de 1812, démontée, vendue en pièces détachées… puis réincarnée en moulin à farine dans la campagne anglaise !
Et aujourd’hui, ses poutres de pin d’Amérique du Sud soutiennent une immense boutique de bric-à-brac où l’on trouve aussi bien des commodes Art déco que des cartes postales anciennes ou des lampes Victoriennes.
Le charme de l’endroit tient autant à son histoire improbable qu’à son atmosphère chaleureuse.

Chesapeake Mill à Wickham
On s’est perdus (volontairement) dans les allées, à regarder des tasses en porcelaine dépareillées, des livres oubliés, des jouets anciens qui sentent bon l’enfance d’un autre siècle.
Et là, en levant la tête : des poutres massives, sombres, patinées par le temps, venues tout droit d’un navire autrefois lancé sur l’Atlantique.
Impossible de ne pas avoir un petit frisson en pensant à ce bois, autrefois parcouru par des marins en uniforme. On aurait presque entendu craquer le pont sous les bottes d’un lieutenant.
Petite marche digestive sur la Meon Valley Trail
Après avoir quitté le Chesapeake Mill, le ciel s’est éclairci et l’appel de la campagne s’est fait sentir.
Ça tombait bien : Wickham est le point de départ de la Meon Valley Trail, une ancienne ligne de chemin de fer transformée en piste cyclable et piétonne.
Nous n’avions pas l’intention de faire les 15 kilomètres jusqu’à West Meon, mais quelques centaines de mètres suffisent pour changer d’ambiance.
En sortant du village, la voie s’élève doucement jusqu’à un petit pont.
De là-haut, la vue sur Wickham est charmante : l’église, les toits en tuiles, la silhouette du moulin, les arbres qui bordent la rivière Meon.
Un endroit parfait pour sortir son appareil photo, ou juste pour prendre le temps d’observer.

La vue sur les toits de Wickham
Loin des voitures, des panneaux et des vitrines, Wickham dévoile ici un visage bucolique et tranquille, comme figé dans le temps.
Et surtout, ça ne prend que dix minutes aller-retour — ce qui est parfait si, comme nous, vous avez déjà un sachet de chocolats qui commence à fondre doucement dans votre sac…
L’église Saint-Nicolas : 900 ans d’histoire sur une butte sacrée
En revenant vers le cœur du village, on a d'abord pris le temps de visiter l’église Saint-Nicolas, perchée sur un monticule presque circulaire.

L'église Saint-Nicolas à Wickham
Ce détail topographique n’est pas anodin : il semble que l’endroit ait été un lieu sacré bien avant le christianisme.
Certains pensent même qu’une première chapelle aurait été dédiée ici par saint Wilfrid avant l’an 670.
L’église actuelle remonte à 1120, ce qui donne le vertige. Les siècles s’y croisent, se superposent : éléments normands, transepts du XIIIe siècle, transformations victoriennes, vitraux du XXe siècle.
À l’intérieur, tout respire le calme et la mémoire : pierres tombales effacées, bancs de bois sombre, tableaux religieux discrets mais émouvants.
Le clou de la visite, c'est la chapelle de la Vierge, réaménagée dans les années 60, avec ses panneaux de verre gravés d’extraits de psaumes.
On peut aussi y apercevoir le monument funéraire d’un certain William Uvedale, noble du XVIIe siècle, allongé pour l’éternité à côté de son épouse, sous les regards agenouillés de leurs neuf enfants sculptés. Un petit théâtre de pierre, figé pour toujours dans le recueillement.
Wickham : minuscule mais dense
On ne va pas se mentir : Wickham est vite exploré.
Le tour du centre se fait en moins de dix minutes, sans se presser.
Si l’on ne s’arrête ni dans les galeries, ni dans le moulin, ni dans la confiserie (ce qui serait une grave erreur), on peut repartir avec le sentiment d’avoir à peine effleuré le village.
Mais ce serait passer à côté d’une concentration rare de petits trésors : une place médiévale, un moulin en bois de navire, une église presque millénaire, des chemins de campagne, des boutiques originales… et du chocolat d’exception.
Conseils pratiques et derniers mots
Quelques remarques utiles pour ceux qui souhaiteraient suivre nos pas :
Se garer : le stationnement sur la place est payant. Mais il y a des parkings gratuits à quelques minutes à pied, notamment près du Meon Valley Trail.
Manger un morceau : entre pubs (comme The King’s Head ou The Square Cow), salons de thé (The Old Tea House ou Wickham Coffeehouse) et restaurants (Greens, très réputé), vous aurez l’embarras du choix. Mention spéciale à la terrasse qui donne sur les water meadows !
Préparer sa visite : Wickham a une histoire riche, mais elle n’est pas évidente à première vue. Pour profiter au maximum, je conseille de lire un peu avant (ou de scanner les panneaux historiques QR dans le village). Ça change vraiment le regard qu’on porte sur les lieux.
Durée idéale : comptez 2 à 3 heures si vous souhaitez prendre votre temps, visiter les boutiques, faire un petit bout de sentier et déguster un café. Une demie-journée suffit amplement.
Télécharger le plan touristique de Wickham.
Conclusion : une pause simple, sucrée, et pleine de charme
On était venus pour du chocolat. On est repartis avec un petit bout d’Angleterre dans le cœur.
Wickham, c’est le genre de village qu’on ignore quand on a une destination en tête… mais qui mérite de devenir une destination à lui seul.
Il ne crie pas, il ne s’agite pas, il ne cherche pas à impressionner. Il attend, tranquillement, qu’on le découvre.
Et si possible, avec une boîte de chocolats belges à la main.

Jardinet sur Bridge Street à Wickham
Venir à Wickham
Le petit bourg de Wickham se situe dans le Hampshire, au nord-ouest de Portsmouth, dans la vallée inférieure de la Meon.
- 57 km de Portsmouth (Terminal Ferry) - environ 1h05 de route
- 70 km de Southampton - environ 1h25 de route
- 100 km du centre de Londres (1h35)
Poursuivre la visite : à voir aux alentours
Le mieux est de séjourner autour de Portsmouth pendant une semaine. Vous pourrez alors prendre le temps d'explorer les alentours en douceur !
Voici une liste de sites à découvrir dans la région :
Bonjour Pierre
Ce petit mot pour t’indiquer que ta carte nous envoie au Québec.
C’est joli aussi tu le diras 😊
Quoiqu’il en soit merci pour cette nouvelle visite d’un joli village anglais !
Cordialement
J. Wattel
Bonjour ! Merci pour l’info. C’est étrange car chez moi la carte affiche bien Wickham en Angleterre. Je viens de spécifier « Hampshire » donc peut-être ça résoudra le problème !
En vous souhaite une bonne journée ! Pierre