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Lorsque nous résidions à Burwash (Sussex de l'est), nous aimions nous promener dans le village voisin de Brightling. La petite localité (370 âmes à peine) n'a l'air de rien quand on la traverse, mais elle renferme des monuments emblématiques érigés par un célèbre politicien anglais du 19e siècle : Mad Jack Fuller. Soit, en français, Jack Fuller le Fou. Ca promet !

Je vous emmène découvrir les 7 folies (ou fabriques) de John Fuller et, qui sait, peut-être voudrez-vous vous lancer à la poursuite de ces petits monuments car, souvenons-nous, les ports anglais du Pas de Calais ne sont pas loin.

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Mad Jack Fuller, un drôle de coco !

Personnage haut en couleurs, John Fuller est un politicien anglais que personne (ou presque) ne connait en France.

Toutefois, ici en Angleterre, il a eu ses heures de gloire et s'est distingué à plusieurs reprises.

Petite bio pour apprendre à connaître John "Mad Jack" Fuller, dit John "le Fou".

La jeunesse de John Fuller

John Fuller est né le 20 février 1757 à North Stoneham, près de Southampton, dans le Hampshire. Il fut baptisé dans le village de Waldron, près de Heathfield dans le Sussex de l'est. Ses parents étaient le révérend Henry Fuller (1713-1761) et son épouse Frances (1725-1778). Il perdit son père en 1761, alors qu'il avait quatre ans. À l'âge de dix ans, en 1767, il commence son éducation à Eton College, une célèbre école anglaise dans le Berkshire.

Un riche héritier (et politicien de surcroit)

Le 7 mai 1777, l'oncle de Jack Fuller, Rose Fuller, MP, mourut en lui laissant ses domaines du Sussex et ses plantations jamaïcaines. John Fuller prit ainsi possession du domaine de Rose Hill (aujourd'hui Brightling Park) à Brightling, à l'âge de 20 ans.

En 1780, à l'âge de 23 ans, Jack Fuller fut élu au Parlement britannique (Chambre des communes). Il fut député de Southampton de 1780 à 1784 et du Sussex de 1801 à 1812.

Et la belle refusa !

En 1790, à l'âge de 33 ans, il demanda en mariage Susannah Arabella Thrale, fille de Henry Thrale et de Hester Thrale... mais la belle rejeta sa demande. Tant pis pour lui : Jack-le-Fou ne se maria jamais et, à ce que l'on sache, il n'a jamais eu d'enfants.

Fin de vie

Fuller se retira de la vie politique en 1812 et ne se représenta pas aux élections législatives de cette année-là.

Dans l'après-midi du vendredi 11 avril 1834, Fuller mourut à son domicile londonien au 36 Devonshire Place. Il fut enterré sous sa pyramide dans le cimetière de Brightling.

John Mad Jack Fuller vers 1843

John Mad Jack Fuller vers 1843

Que retenir de Mad Jack Fuller ?

  • John Fuller ("Mad Jack" Fuller pour les intimes) préférait qu'on l'appelle "Honest John" Fuller.
  • L'homme politique siégea à la Chambre des communes entre 1780 et 1812.
  • Il était constructeur de folies (surtout chez lui, à Brightling). 
  • Ce philanthrope était un mécène des arts et des sciences. Il appréciait beaucoup J.M.W. Turner dont il avait acheté des tableaux. Il fut aussi le mécène et mentor de Michael Faraday, célèbre physicien et chimiste britannique.
  • Le 18 septembre 1828, Jack Fuller acheta aux enchères le château de Bodiam pour 3 000 guinées afin de le sauver de la destruction.
  • John Fuller était aussi propriétaire d'esclaves et partisan de l'esclavage. 
  • Fuller est un ivrogne notoire. Le 27 février 1810, il fut impliqué dans un incident avec le président du Parlement, ce qui lui valut d'être saisi par le sergent d'armes et de se ridiculiser aux yeux du public.
  • Il a même été menacé d'être emprisonné à la Tour de Londres après une altercation.

Les 7 folies de Mad Jack Fuller

Entrons dans le monde de folie de Mad Jack Fuller et dirigeons-nous à présent au cœur du Sussex de l'est, à Brightling. Mais avant de commencer la visite, mettons-nous d'accord sur la signification du mot "folie" !

Qu'est-ce qu'une folie (ou fabrique de jardin) ?

Une fabrique de jardin (folly en anglais) est une construction ornementale inspirée des peintures de paysage et édifiée dans un jardin ou un parc.

Ces éléments décoratifs connurent un fort engouement au cours des 18e et 19e siècles, conjointement à l'essor du romantisme et des jardins à l'anglaise.

Si ces structures sont apparus en Angleterre, elles ont volontiers traversé la Manche. Ainsi, on retrouve des folies dans le domaine du château de Versailles (le hameau de la Reine), dans le parc Monceau à Paris, au château de Schwetzingen en Allemagne et même dans le Central Park à New York (Belvedere castle)...

Hameau de la Reine, Versailles © French Moments

Le jardin anglais du Hameau de la Reine à Versailles © French Moments

Téléchargez la carte de localisation des 7 folies de Mad Jack Fuller !

La pyramide

Notre première folie est une pyramide égyptienne de 7,62 mètres de haut, étrangement édifiée dans le cimetière de l'église Saint-Thomas-à-Becket de Brightling.

Etrange en effet, car l'église anglicane n'est à priori pas compatible avec un édifice évoquant l'Egypte ancienne !

Les folies de Mad Jack Fuller à Brightling (Sussex) © French Moments

Pyramide-mausolée à Brightling (Sussex) © French Moments

Comment faire accepter la pyramide dans le cimetière ?

En échange de l'autorisation de construire son mausolée pyramidal dans le cimetière de Brightling, Mad Jack Fuller a accepté de construire un mur autour du cimetière.

Fuller a rempli sa part du marché et a ajouté, en haut de l'escalier menant au cimetière, une porte en fer flanquée de piliers en pierre. Une lanterne en fer est suspendue au milieu de l'arc.

La pyramide date de 1811. Elle fut donc construite par Mad Jack Fuller pendant qu'il était en vie. Vingt-trois ans avant sa mort, l'excentrique politicien avait en effet pris les devants. Cette pyramide devait lui servir de futur mausolée.

Pyramide de Brightling © French Moments

Contre-plongée sur la pyramide © French Moments

D'incroyables légendes !

La légende locale raconte que Fuller a été enterré dans la pyramide en grande tenue et chapeau haut de forme, assis sur une chaise en fer devant une table garnie d'un poulet rôti et d'une bouteille de porto.

On croyait également qu'il avait recouvert le sol de son tombeau d'éclats de verre afin d'empêcher le diable de s'emparer de son âme.

Ces histoires racontées au fil des ans sont fidèles au personnage excentrique de Jack-le-Fou !

Pyramide de Brightling © French Moments

Les secrets de la pyramide de Brightling © French Moments

Pour en avoir le cœur net, des travaux de rénovations ont été entrepris en 1982. Et, comme on pouvait s'en douter, toutes ces légendes loufoques se sont révélées fausses.

Fuller est en effet enterré de manière conventionnelle, dans le sol sous le mausolée.

Pyramide de Brightling © French Moments

La pyramide de Brightling © French Moments

L'inscription à l'intérieur de la pyramide

Sur le mur à l'intérieur de la pyramide figure une inscription. Il s'agit du neuvième vers de l'Élégie de Gray (Gray's Elegy):

"Le faste de l'héraldique, la pompe du pouvoir.
Et toute cette beauté, toute cette richesse jamais donnée. Attendent tous l'heure inévitable. Les chemins de la gloire ne mènent qu'à la tombe."

("The boaft of heraldry, the pomp of pow'r.
And all that beauty, all that weath e'er gave. Await alike th'inevitble hour. The paths of glory lead but to the grave.")

Pyramide de Brightling © French Moments

L'entrée de la pyramide de Brightling © French Moments

De Brightling à Paris, il n'y a qu'un pas...

Brightling n’est pas l’unique localité anglaise où l’on trouve une pyramide en guise de mausolée. Si le sujet vous intéresse, vous en trouverez aussi à :

  • St. Leonards (East Sussex) - Burton Pyramid, West Hill Road.
  • Liverpool - William Mackenzie’s Pyramid, church of Saint Andrews.

La première fois que j'ai vu cet édifice incongru, il m'a rappelé une autre folie similaire : la pyramide du parc Monceau à Paris. Voyez plutôt :

La pyramide du Parc Monceau (18e siècle) © French Moments

La pyramide du Parc Monceau (18e siècle) © French Moments


L'obélisque

Quittons à présent le village et prenons la direction de Burwash pour trouver notre deuxième folie : l'obélisque de Brightling ou Brightling Needle.

(Les coordonnées exactes du monument sont : Willingford Lane, Brightling, East Sussex TN32 5HN.)

Brightling Needle © French Moments

L'obélisque de Brightling © French Moments

Les dimensions du Brightling Needle

L'obélisque se dresse au milieu d'un pré privé. Vous ne pourrez donc l'apercevoir que par la route. Le Brightling Needle se dresse au sommet d'une colline, connue sous les noms de Brightling Down et Brightling Beacon, qui culmine à 197 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ainsi, l'obélisque se voit de loin, des villages de Burwash et Ticehurst notamment.

L'obélisque lui-même mesure 20 mètres de haut. Il est construit en pierres appareillées, en quatre sections, avec un cordon au-dessus de chaque section.

Quelles commémorations ?

On ne sait pas trop pourquoi il a été construit. Certaines sources affirment qu'il a été érigé pour commémorer la victoire de Nelson à Trafalgar en 1805. D'autres affirment qu'il a été érigé pour célébrer la victoire de Wellington sur Napoléon en 1815. Il est toutefois étrange qu'aucune inscription ne figure sur le monument. Voici donc un autre mystère que nous a laissé Jack-le-Fou !

Brightling Needle © French Moments

Brightling Needle © French Moments

Les inscriptions de 1985

Ceci dit, on trouve quelques mots gravés sur la structure : R Croft, 1899 ; et Charles Croft, 29 juillet 1889, âgé de 16 an. Ceux-ci sont des ajouts de 1985, lorsque d'importants travaux de rénovation ont été effectués pour renforcer et stabiliser l'obélisque. Les noms et les dates se réfèrent à deux hommes de la région, qui avaient participé aux réparations précédentes.


L'observatoire

Tout proche de l'obélisque se trouve notre troisième folies : l'observatoire de Brightling (Brightling Observatory). Vous l'apercevrez sur la route Brightling-Burwash (Willingford Lane, Brightling, East Sussex TN32 5HL). Il s'agit aujourd'hui d'une résidence privée.

Brightling Observatory © French Moments

L'observatoire © French Moments

Conçu par Sir Robert Smirke pour Jack Fuller en 1810, l'édifice a été achevé en 1818. Il était doté d'un équipement coûteux, notamment d'une Camera Obscura et d'un télescope de grande puissance.

Sir William Herschel et Uranus

La légende locale raconte que Fuller s'est inspiré de son ami l'astronome Sir William Herschel (1728-1822) pour construire l'observatoire. Né à Hanovre, en Allemagne, Herschel fut le premier à découvrir la planète Uranus en 1781 et ses lunes Titania, Oberon (1787), Mimas et Encelade (1789).

Il est toutefois possible que ce soit le fils de ce célèbre astronome, John Herschel (1792-1871), qui ait eu une influence plus directe sur l'intérêt de Fuller pour l'astronomie.

Si vous empruntez les chemins autour de l'observatoire, vous apercevrez par beau temps la mer et les immeubles de la ville balnéaire de Eastbourne.

Brightling observatory © French Moments

L'observatoire de Brightling © French Moments


Le pain de sucre

Descendons la route qui mène à Dallington. A Wood's Corner, tournons à gauche (route Heathfield-Battle B2096) et peu après avoir quitté le hameau, vous apercevrez notre quatrième folie sur la gauche.

(Les coordonnées exactes du monument sont : B2096, Dallington, East Sussex TN21 9LJ)

Voici peut-être la plus étrange des folies de Jack-le-Fou ! Le Pain de Sucre (Sugar Loaf ou Fuller's Point) s'élève à 10,7 m de haut dans une prairie à proximité de la route Battle-Heathfield. On pense qu'elle a été construite au début des années 1820.

Sugar loaf Dallington © French Moments

Le pain de sucre © French Moments

Quel coquin, ce Fuller !

La légende veut que Mad Jack Fuller ait parié qu'il pouvait voir la flèche de l'église St Giles de Dallington depuis son manoir de Rose Hill à Brightling. Lorsqu'il s'est rendu compte que ce n'était pas vrai, il a demandé à des ouvriers d'ériger à la hâte cette folie afin de gagner le pari.

Dallington church © French Moments

L'église de Dallington. La vue s'étend jusqu'à Eastbourne et la mer © French Moments

Un pain de sucre ?

"Pain de sucre"... quel drôle de nom. C'est en visitant les cuisines de Uppark House que j'ai compris le sens du nom donné à cette folie.

Sugar Loaf Uppark House © French Moments

Un pain de sucre dans les cuisines de Uppark House © French Moments

CQFD, la forme conique de la folie est celle du pain dans lequel le sucre était vendu à l'époque (au 19e siècle).

Le Pain de Sucre est une structure en briques recouverte de béton. A l'intérieur, observez le plafond en forme de ruche.

Sugarloaf of Mad Jack Fuller © French Moments

Le "plafond" du pain de sucre de Mad Jack Fuller © French Moments

C'était un logement, vraiment ?

On a du mal à le croire quand on visite le monument. La folie de 4,57 mètres de diamètre a pourtant servi de logement. C'était une habitation à deux étages dans laquelle vivait une famille :  

"On pense que Simeon Crouch et sa famille ont pu vivre au Pain de Sucre à la fin des années 1870, car des membres de la famille ont appris que l'une de ses filles, Mabel, y était née en 1879. Des membres de la famille Lulham seraient les derniers à avoir vécu au Pain de Sucre. Le bâtiment en pierre avait deux étages, avec des fenêtres à chaque étage. Il y avait une échelle entre les deux étages et une cuisine en appentis".

(source : Dallingon: Six miles from Everywhere, the History of a Sussex Village,
par Karen Bryant-Mole)

Sugarloaf of Mad Jack Fuller © French Moments

Le pain de sucre © French Moments

Pendant la Seconde Guerre mondiale, on utilisa le Pain de Sucre comme poste de mitrailleuses anti-invasion.

Abandonnée, la folie tomba en ruine dans les années 1950. Elle fut transférée par son propriétaire (la ferme Christmas Farm) au Conseil du comté de l'East Sussex en 1961.

Sugarloaf of Mad Jack Fuller © French Moments

Le pain de sucre de Mad Jack Fuller © French Moments


Le temple de la rotonde

Au sommet d'une petite colline du parc de Brightling se dresse un temple grec : le Temple de la Rotonde (Rotunda Temple).

Autour de Londres - Temple de Brightling Park © French Moments

Temple de Brightling Park © French Moments

Pour apercevoir cette cinquième folie, il vous faudra marcher le long d'un chemin public traversant le domaine de Brightling Park. Toutefois, le temple étant lui-même situé sur une propriété privée, il nous a fallu demander l'autorisation pour y accéder.

La folie est une idée de Sir Humphry Repton dans ses plans pour le jardin et on pense qu'elle a été conçue par Sir Robert Smirke. Le temple mesure environ 7,62 m de haut et a été construit vers 1810. La salle circulaire est entourée de colonnes toscanes. Enfin, ce bâtiment circulaire possède une base creuse qui servait peut-être à stocker de la nourriture et du vin.

Rotunda Temple in Brightling © French Moments

Le Temple de la Rotonde © French Moments

Mad Jack Fuller le débauché ?

Le temple de la Rotonde a donné lieu à plusieurs légendes sur Mad Jack Fuller et ses acolytes. On dit qu'il y recevait des amies et qu'il y organisait peut-être même des fêtes coquines dont on mentionne pas les détails !

D'autres pensent qu'il organisait des parties de cartes dans le temple et qu'il jouait avec ses copains à des jeux d'argent aux mises très élevées.


La tour de l'ermite

Notre sixième folie, la Tour de l'ermite (Hermit’s Tower) se trouve au milieu d'un bosquet, à environ 700 mètres au sud-est de l'église de Brightling (route Brightling-Darwell Hole). La tour est accessible par un petit sentier champêtre.

Hermit's tower in Brightling © French Moments

La tour de l'ermite © French Moments

Cette tour circulaire en pierre de 10,6 m de haut et 3,7 mètres de diamètre est aujourd'hui masquée par les arbres. L'escalier et la plate-forme en bois d'origine (années 1820) ont disparu dans un incendie et ont été remplacés par la structure en fer que l'on peut voir aujourd'hui. Toutefois, lors de notre visite, l'accès à la tour était impossible.

A quoi servait la tour ?

Pourquoi Mad Jack a-t-il construit cette tour ? On ne sait pas... et, du coup, cela a fait l'objet de nombreuses suppositions et légendes dont aucune n'a encore été confirmée.

Hermit's tower in Brightling © French Moments

La tour de l'ermite © French Moments

Du haut de cette tour, on pouvait voir un large panorama de la campagne vallonnée du Haut Weald. La légende raconte que Fuller avait l'habitude de venir ici pour observer de loin la construction du chemin de fer à Robertsbridge, à cinq kilomètres de là.

Une autre rumeur rapporte que la tour fut construite face à la menace d'invasion napoléonienne. Rien de plus faux : Napoléon a rencontré son Waterloo le 18 juin 1815, il n'y avait donc aucune menace d'invasion à l'époque où la tour a été érigée.

On dit aussi que Mad Jack Fuller a fait construire cette tour pour pouvoir surveiller la progression des ouvriers pendant la restauration du château de Bodiam qu'il avait racheté. Du haut de la tour, on peut en effet apercevoir le château-fort.

Brightling view © French Moments

La vue de Brighling sur le Weald et, à l'horizon, les North Downs © French Moments


Le pavillon d'été

Également connue sous le nom d'Alcove, la Summer House est un pavillon d'été en briques qui possède une façade ornée en pierre de Coade. L'édifice offre d'excellentes vues au sud sur le parc de Brightling. 

Construite en 1803, on pense qu'il s'agit de la première initiative de Mad Jack dans la construction de folies.

La maison d'été, qui était tombée en ruine, a été restaurée grâce à un financement du British Heritage en 1992.

Le pavillon d'été de Brightling Park se situe à l'ouest du manoir et n'est donc pas accessible au public.

Le village de Brightling

Le charmant village de Brightling est une petite localité tranquille du High Weald, au milieu de hêtres majestueux. Il se compose de cottages en pierre et en brique.

Cottage à Brightling © French Moments

Cottage à Brightling © French Moments

Un peu d'histoire

La première mention connue du village figure dans le "Domesday Book" de 1086, où il est désigné sous le nom de Brislinga. L'orthographe actuelle (Brightling) a été utilisée pour la première fois en 1564.

Le Domesday Book était une enquête commandée par Guillaume le Conquérant vingt ans après la Bataille d'Hastings, afin de déterminer qui possédait quoi parmi ses nouvelles terres en Angleterre et quelle était la valeur de chacune d'entre elles.

À partir du 16e siècle, le village s'est développé rapidement et, au début des années 1700, la moitié des locataires travaillaient dans les cultures et s'occupaient des moutons et des porcs, le reste des hommes travaillant dans les fonderies de fer.

Brightling © French Moments

Jardinet fleuri à Brightling © French Moments

Un village entouré de forêts

Comme d'autres villages du High Weald, Brightling est entouré de forêts et l'on estime aujourd'hui qu'il s'agit du village le plus densément boisé de sa taille dans le Sussex. Les arbres adultes fournissaient du bois pour de nombreux processus, de la construction de maisons et de navires à la fabrication d'outils et d'équipements pour l'agriculture et la maison. 

Brightling forest © French Moments

Balade dans la forêt autour de Brightling © French Moments

Surtout, les forêts denses de la région fournissaient le bois nécessaire à la fabrication du charbon de bois, utilisé dans les hauts-fourneaux pour les faire fonctionner jour et nuit, où de grandes quantités de fusils et de canons étaient fournies au gouvernement et aux puissances étrangères. Les hauts fourneaux produisaient également de grandes barres de fer qui étaient transformées en fer forgé, utilisé par les forgerons pour fabriquer des articles domestiques en fer tels que des bouilloires, des casseroles, des poêles, des plaques chauffantes, des outils, des fers à cheval, des clous, etc.

L'église Saint-Thomas-à-Beckett

Le comte d'Eu, qui était un ami proche de Guillaume le Conquérant et avait été récompensé par le Rape (territoire) d'Hastings, a reconstruit l'église d'origine en bois entre 1090 et 1100.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

L'église St Thomas Becket à Brightling © French Moments

Elle fut dédiée à Thomas Becket peu après sa mort, en 1170, la chapelle latérale conservant le nom de Saint-Nicolas. 

Construite en grès jaune de Hastings, le bâtiment est d'une grande simplicité et d'une dignité d'antan. Les toits en tuiles rouges (fabriquées à la main) apportent une touche de gaieté supplémentaire.

Le sanctuaire actuel comprend la nef, le chœur, la chapelle, le bas-côté nord et la tour. Il s'agit d'un mélange de styles architecturaux, reflétant le soin et l'attention que lui ont accordés les paroissiens et les mécènes au cours des siècles.

La tour de l'église
St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

L'église St Thomas Becket à Brightling © French Moments

La tour est trapue et s'intègre parfaitement à l'ensemble de la composition. L'étage inférieur est de style anglais primitif et les faces nord et sud sont percées de deux fenêtres à lancettes. Les créneaux et les deux lourds contreforts diagonaux, qui dépassent de 2,75 mètres sur chaque coin, sont des ajouts du 14e siècle.

L'étage du beffroi présente des ouvertures à double lancette sur chaque face. Les murs est et sud sont dotés d'une horloge.

Le porche

Construit en pierre lourde avec un parapet crénelé, le porche date de 1749 . A l'intérieur et fixé au mur ouest se trouvent deux répliques en fonte de pierres tombales sculptées. Il existe d'autres pierres tombales similaires dans le cimetière. A vous de les trouver !

L'intérieur de l'église

L'entrée principale se fait par le porche et l'arcade intérieure normande. Sur le mur sud, juste à droite, se trouve le bénitier datant du 13e siècle.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

La nef de l'église et l'orgue © French Moments

En entrant dans l'église, on a l'impression d'une alternance de volumes et d'un certain rythme au sein de la structure. La voûte basse du chœur est encadrée par un grand arc brisé. L'arcade de la nef, composée de deux travées, possède une forte pile centrale carrée d'où jaillit un arc trois-quarts sur un encorbellement au-dessus de l'arc de la chapelle. Celui-ci est large mais de faible hauteur, ce qui souligne l'étroitesse du bas-côté nord.

Le mur sud de la nef, le chœur et la chapelle ont été construits au 13e siècle et au 14e siècle, le bas-côté nord et l'arcade ont été ajoutés, la ligne "fantôme" de l'ancienne ligne de faîte est clairement visible.

La partie la plus ancienne de l'édifice est la porte normande cintrée dans le mur sud de la nef, qui date d'environ 1090.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

L'intérieur de l'église © French Moments

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Des coussins brodés pour le popotin ! © French Moments

La voûte

Le plafond de la nef et du chœur sont de type " chariot " (waggon en anglais), leur forme rappelant celle d'un chariot chargé de foin. Ce type de toit ressemble également à la coque retournée d'un navire et symbolise le "navire de l'église", le mot latin "Navis" signifiant à la fois nef et navire. Le bas-côté nord et la chapelle sont couverts d'un seul toit avec une construction à chevrons des 14e-15e siècles.

Les plaques commémoratives

Dans de nombreuses églises du pays, les dalles murales existantes faisaient à l'origine partie du sol de l'église. À Brightling, elles ont été déplacées lors de la restauration de 1903. La plaque la plus ancienne est dédiée à John Batts, décédé en 1476 et ancien propriétaire du manoir de Socknersh. Le laiton a disparu de la pierre, mais la plaque originale gravée en latin est toujours là.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

L'intérieur de l'église © French Moments

Sur le mur ouest de la nef, à côté de l'escalier menant à la galerie, se trouve la pierre tombale de Richard Glyd. Il était un descendant de l'un des Français qui ont attaqué la côte sud de l'Angleterre au 14e siècle pour se venger de leur défaite à la bataille de Crécy en 1346.

L'église possède également quelques beaux vitraux, dont certains datent de l'époque victorienne.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Vitraux de l'époque victorienne © French Moments

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

les vitraux colorés de l'église © French Moments

Les peintures murales

Au cours du 18e siècle, John Fuller rénova l'intérieur de l'église, en préparation de la visite de l'évêque. Il encastra et plâtra les murs de la nef et du chœur, y compris le toit, toutes les surfaces ont été peintes en blanc et une corniche a été ajoutée en guise d'embellissement supplémentaire.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Anciennes peintures murales dans l'église © French Moments

Fort heureusement, les bonnes intentions de John Fuller ne se sont pas étendues au bas-côté nord... car c'est là où ont été conservées un certain nombre de peintures murales anciennes et intéressantes. Car ces peintures couvrent près de quatre siècles.

Au printemps 1966, à l'occasion d'importants travaux de réparation, des traces de nombreuses peintures murales ont été retrouvées, dont certaines sous les finitions du 18e siècle réalisées par John Fuller. La plupart ont été considérées comme datant de la période postérieure à la Réforme, mais les travaux les plus anciens ont été datés du 14e siècle.

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Anciennes peintures murales dans l'église © French Moments

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Vue extérieure de l'église © French Moments

St Thomas-à-Becket church in Brightling © French Moments

Des marguerites dans le cimetière de l'église © French Moments

Rose Hill (Brightling Park)

Au détour d'une allée boisée près de l'église, on aperçoit le manoir de Brightling : le siège de campagne de la famille Fuller.

La première maison connue sur le site, "Sheperdes", a été construite entre 1540 et 1561 par Michael Martin, qui a vendu le domaine en 1582 à Thomas Isted.

La dynastie des Fuller entre en scène !

Le domaine est ensuite passé entre plusieurs mains jusqu'à Thomas Fuller, un industriel local qui l'acheta en 1697. La fortune de la famille Fuller reposait sur la fabrication d'articles en fer, en particulier de canons et d'autres articles similaires pour la Royal Navy, ainsi que sur un revenu substantiel provenant du sucre produit par des esclaves dans leurs plantations en Jamaïque.

En 1703, le domaine passe à son neveu John Fuller (1680-1745), qui épousa Elizabeth Rose, une héritière jamaïcaine. Fuller rebaptisa la maison Rose Hill en son honneur. 

Le domaine de Rose Hill a été aménagé par le célèbre architecte paysagiste Capability Brown (1716-83).

Mad Jack hérite du domaine

Suite au décès de son oncle Rose Fuller, John "Mad Jack" Fuller hérita du domaine de Rose Hill en 1777, alors qu'il n'avait que vingt ans.

La maison du 18e siècle, en briques sur deux étages, fut remaniée à plusieurs reprises. Des ailes supplémentaires furent ajoutées par Mad Jack Fuller en 1810 et démolies en 1955.

Le domaine est aujourd'hui le siège de Grissell Racing, qui y exploite un centre d'entraînement de chevaux de course depuis plus de 30 ans.

Grissell Racing © French Moments

Le centre d'entraînement de chevaux de course de Grissell Racing © French Moments

Le mur de pierre

Après 1815 et la défaite de Napoléon, le sud de l'Angleterre connaît un chômage important. Pour alléger le fardeau des pauvres de la paroisse de Brightling, Jack Fuller a mis en place des projets de construction, dont le plus important était le mur entourant l'ensemble de son domaine de Rose Hill.

Le mur de pierre, construit entre 1815 et 1817, mesure environ 1,2 m de haut et 6,4 km de long. Il a très bien résisté aux ravages du temps. Vous en longerez une partie sur la route de Burwash.

Autres photos du village
Brightling, East Sussex © French Moments

A l'approche du village en venant de Battle © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

Le village en été © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

Vue du village et d'une partie de l'église © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

Jardinets fleuris dans le village © French Moments

Mailbox, Hollingrove, Brightling © French Moments

Vieille boîte aux lettres à Brightling datant du règne de Victoria © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

L'ancienne école du village © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

La vue du village de Brightling sur le High Weald © French Moments

Brightling, East Sussex © French Moments

Fin de journée dans le village © French Moments

La folie cachée de Mad Jack Fuller

On pensait avoir tout vu, tout appris sur les folies de Mad Jack Fuller.

Mais il nous reste une fabrique de jardin à citer.

Celle-ci ne se situe pas à Brightling mais au bord de la mer, à environ 35 km au sud-ouest.

Il s'agit du phare de Belle Tout.

Belle-Tout Lighthouse © French Moments

Belle-Tout Lighthouse © French Moments

Je vous l'avais mentionné dans mon récent article de découverte des falaises de Beachy Head.

La chronique locale raconte que ce fut Mad Jack Fuller, alors député du coin, qui finança les travaux du phare.

Brightling, East Sussex © French Moments

Panneau de direction à Brightling © French Moments

Venir à Brightling 

Brightling se situe dans le High Weald, entre Heathfield (12 km) et la cité historique de Battle (10 km).

  • 70 km de Folkestone (Terminal Eurotunnel) - environ 1h20 de route
  • 90 km de Douvres (Terminal Ferry) - environ 1h45 de route
  • 45 km de Newhaven (Terminal Ferry) - environ 50 minutes de route
  • 20 km de Hastings (35 min)
  • 30 km de Tunbridge Wells (35 min)
  • 100 km du centre de Londres (2h)

Poursuivre la visite : à voir aux alentours 

Le mieux est de séjourner autour de Battle pendant une semaine. Vous pourrez alors prendre le temps d'explorer les alentours en douceur !

Voici une liste de sites à découvrir dans la région :

A propos de l'auteur

Pierre réside actuellement dans un charmant village du sud-est de l’Angleterre. Son organisation basée au Royaume-Uni, French Moments, promeut la France au public anglophone. Formateur de français en langue étrangère, Pierre est également un créateur de contenu prolifique. Il est auteur de livres culturels et compte plus de 1500 articles de blog à son actif. Pierre est en effet passionné par la découverte de l’Europe, du Kent à la Savoie et de Paris à la Rhénanie !

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KENT & SUSSEX : Les plus beaux sites dans le High Weald

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